A propos Michael Doukhan

Passionné de philosophie, je suis consultant en commerce international.

Vous avez dit « bonheur » ? (suite)

Après la parution sur ce site de mon article Vous avez dit « bonheur » ?, un ami m’a demandé : « j’aimerais bien que tu développes le point sur comment ne pas se laisser absorber par les émotions négatives ». Voici ma réponse.

«

Mon ami,

Voilà une question délicate, car j’ai toujours observé avec moquerie le flot de livres traitant du « bien-être », cette foultitude d’experts indiquant la « bonne » voie vers le « bonheur ». Si ce prétendu chemin existait, cela se saurait et la vie serait bien… triste ! En effet, les émotions négatives ayant disparu, tout le monde nagerait dans une mer de douce insouciance, mais plate à souhait ! Rapidement, on commencerait à regretter le temps des vagues, des tempêtes même ! « Que le yoyo émotionnel recommence ! » dirait-on alors. La nature humaine est ainsi faite, sans doute.

Loin de moi donc l’idée de montrer quelque chemin que se fut, à quiconque. Nietzsche ne fait-il pas dire à son Zarathoustra (les italiques sont importantes) :

« Cela – est maintenant mon chemin, – où est le vôtre ? » Voilà ce que je répondais à ceux qui me demandaient « le chemin ». Car le chemin – le chemin n’existe pas.

Je parlerai donc de mon chemin, le seul qui ait un sens pour moi ! Quant au lecteur de ces lignes, il risquerait de s’y perdre, même s’il acceptait de partager quelques pas avec moi…

Mais il est bon ici de faire d’abord un petit détour. Nietzsche (encore lui !) distingue les forces réactives des forces actives qui émergent en chacun de nous.

Les forces réactives ne peuvent pas se déployer sans nier d’autres forces ; elles se posent en s’opposant. La volonté de vérité par exemple (comme dans les dialogues socratiques) est un modèle de force réactive, car c’est la recherche d’une valeur qui se pose par réfutation de l’erreur ; Socrate réfute constamment pour démontrer une thèse. Nietzsche dit au contraire que « Ce qui a besoin d’être démontré ne vaut pas grand-chose ».

Les forces actives en revanche, comme l’art, se déploient sans s’opposer à quelque chose. Elles posent des valeurs sans discussion (l’artiste commande, il ne discute pas). Pour illustrer cette idée, les coups de pinceau de Van Gogh ou les revers de Federer sont des gestes purs, non « négociés », à la fois simples et puissants. L’art est une illusion délibérée et créatrice qui s’oppose au mensonge idéaliste.

Si je reviens maintenant sur mon chemin de traverse, chaque instant est l’occasion de déploiement de forces. Mes forces réactives me rendront triste si, premier exemple, je me sens mal parce que mon voisin vient d’acheter une nouvelle voiture inaccessible à mon portefeuille (un fait du présent me perturbe). Deuxième exemple : je me lamente en voyant des rides sur mon visage (mon passé perturbe mon présent). Troisième exemple : j’ai peur d’être licencié à cause du Covid-19 (mon futur imaginé perturbe mon présent).

Dès lors, « comment ne pas se laisser absorber par les émotions négatives ? ». Dans le premier cas de figure (le présent d’un autre perturbe le mien), personnellement, je n’ai que faire des biens matériels (depuis longtemps) et surtout, je me moque bien de ce que l’on peut penser de moi (je n’ai acquis cette deuxième libération que sur le tard, vers 45 ans).

Dans le deuxième cas de figure (le passé perturbe le présent), avec le temps, cela va beaucoup mieux en ce qui me concerne (pour d’autres c’est l’inverse, ils s’enferment de plus en plus dans un passé regretté). Je regarde devant et marche vers je ne sais où, mais j’y vais d’un pied décidé !

Quant au troisième cas de figure, c’est le plus absurde de tous (le futur n’existe pas…) et pourtant j’en ai souffert très longtemps. J’ai appris avec le temps, à me débarrasser de ces idées ridicules.

Surtout, j’essaie de mon concentrer sur les forces actives, dans le présent immédiat, à chaque instant. Me prendre pour Beethoven au piano ou pour Dostoïevski avec une plume ? Pourquoi pas si je me sens bien ! Et qui sait, un jour… (ce n’est pas si mal de se projeter dans l’avenir parfois !) Plus simplement, jouer avec son enfant, s’émerveiller comme lui devant un arc-en-ciel, fermer les yeux en sentant l’odeur des croissants qui sortent du four… toutes ces petites choses à côté desquelles je passe encore trop souvent, alors qu’elles sont là, sur mon chemin, sans que j’aie besoin d’aller bien loin, sont source de joie.

Mais je suis un humain et mon espèce est ainsi faite que le passé et l’avenir sont toujours là pour titiller mon présent. Ce n’est pas un hasard, cela contribue à ma survie. J’ai donc renoncé tant aux philosophies inhumaines (déconnectées de la réalité du genre humain), à savoir celles qui disent qu’il ne faut vivre que dans présent, qu’à celles qui postulent qu’il suffit d’éliminer les forces réactives. Nous sommes un tout complexe. Les forces réactives, si réactives soient-elles, n’en demeurent pas moins des forces, et les renier ne conduit qu’à une diminution de sa force vitale dans son ensemble. Je suis séduit par l’idée nietzschéenne de « grand style », cet art d’équilibriste qui permet de faire cohabiter en soi les forces actives et réactives de manière harmonieuse. C’est tout ce à quoi je prétends désormais.

Voilà mon ami le chemin que je recherche tout en le parcourant, et je te souhaite bon courage pour continuer le tien !

»

Vous avez dit « bonheur » ?

 

On m’a interrogé récemment sur la question du bonheur et je me suis empressé de répondre, car, paraît-il, « le bonheur n’attend pas ».

 

Pour s’aventurer sur ce sujet, il faut partir, me semble-t-il, des émotions fondamentales. Il y en aurait six selon Paul Ekman : la joie, la tristesse, la peur, la colère, la surprise et le dégoût. D’autres théories les ramènent à quatre : la joie, la tristesse, la peur et la colère. Ce qui importe, c’est que nous ressentons tous que ces émotions sont éphémères, et cela nous gêne, voire nous perturbe. Ce qui est ressenti comme agréable, nous voulons qu’il s’inscrive dans la durée.

 

C’est là qu’intervient le concept de bonheur. Il est défini de plusieurs manières dans l’histoire de la pensée, mais globalement, il serait une joie qui dure. Toutes les approches religieuses, les théories du salut, l’invention du Paradis, etc. s’inscrivent dans cette construction intellectuelle. Plus tard, lors de la sécularisation des idées religieuses, le bonheur est recherché dans une construction humaniste (qui reprend l’idée « d’aimer son prochain ») ou politique (société égalitaire avec le communisme ou débarrassée des impurs avec les totalitarismes).

 

Tout cela ne repose-t-il pas sur l’inacceptation par l’homme du caractère tragique du réel (ni bon ni mauvais, tragique pris ici au sens de « tel qu’il est ») ? Or quelle est la réalité de nos vies ? Un yoyo émotionnel permanent, disons, pour faire simple, entre la joie et la tristesse. Je suis joyeux en me levant, car ma femme me fait un baiser ; je suis triste cinq minutes plus tard parce que je me suis pris le pied dans la porte ; puis je regarde mes mails et suis joyeux à nouveau en apprenant que ma fille a réussi un examen ; puis triste parce que j’apprends que mon fils s’est cassé la jambe ; puis joyeux parce que j’ai gagné 5000€ au loto, etc. (journée bien remplie, j’en conviens !) C’est le « tragique » du réel, sa contingence si l’on préfère. Mais comme on n’accepte pas les moments de tristesse, on se construit un idéal de joie permanente, qu’on appelle bonheur, qu’on espère atteindre un jour et pour lequel chacun se démène tous les jours… La mauvaise nouvelle, c’est que personne ne l’atteindra jamais. La bonne c’est que l’effort, le mouvement vers cet idéal peut contribuer, pour certains, à créer plus de joie dans le présent (mais ce n’est pas le cas de tout le monde, comme le fanatique religieux par exemple). Quoi qu’il en soit, la vie sera toujours un yoyo émotionnel.

 

Si l’on veut absolument définir que ce serait une vie « heureuse », ce serait, me semble-t-il, une vie lors de laquelle, au bout du compte, celui qui l’a vécue a ressenti plus de moments de joie que de moments de tristesse.

 

La question fondamentale est donc : comment créer le plus possible de moments de joie ? N’est-ce pas justement en tâchant de vivre intensément, à chaque instant, le « tragique » de l’existence ? On pourrait le formuler autrement, par une lapalissade : « aucun instant ne peut attendre ! »

 

Des femmes et des hommes

 

L’affaire Weinstein a engendré une effervescence, une libération de la parole sans précédent depuis des décennies. Je voulais exprimer mon avis sur la question, mais je précise avant tout que ce qui suit ne concerne que l’Occident ; il y aurait beaucoup à dire sur le reste du monde, mais ce n’est pas mon propos ici.

 

Commençons par là bien entendu : les actes sexuels non consentis, les violences, quelles qu’elles soient, les abus de pouvoir doivent évidemment être condamnés par voie de justice (seulement, car on ne doit pas « balancer » un homme – ou une femme – nominativement sur les réseaux sociaux). Par extension, le combat féministe pour l’égalité politique, économique, culturelle, personnelle, sociale et juridique entre hommes et femmes doit être soutenu sans réserve, jusqu’à ce qu’il soit gagné une bonne fois pour toutes.

 

Mais l’égalité s’arrête là. Au-delà des différences physiques, quel homme ne s’est-il jamais dit : « décidément, je ne comprendrai jamais les femmes ! » (et inversement). Nous le savions tous déjà, mais les découvertes récentes en neurochimie semblent confirmer que les psychés féminines et masculines fonctionnent différemment. Les analyses de l’anthropologue américaine Helen Fisher sont également éclairantes : généralement, les femmes sont supérieures aux hommes dans l’expression orale (les hommes ne souhaitent-ils pas qu’elles se taisent parfois !), la négociation, la vision à long terme, la pensée holistique. Les hommes en revanche auraient une plus grande aptitude de concentration sur un sujet donné, si bien qu’il y a plus de génies masculins, mais aussi plus d’idiots que d’idiotes ! Ces différences doivent être acceptées, se conjuguer et se nourrir mutuellement. Mais il me semble que l’Occident prend un autre chemin depuis l’avènement du mouvement féministe. L’homme viril et la femme féminine disparaissent progressivement et on s’oriente vers des sociétés peuplées d’androgynes. Le féminisme de défenses des droits a libéré les femmes, tandis que le féminisme intellectualiste les éloigne d’elles-mêmes en faisant de l’égalité absolue sinon un nouveau Dieu, du moins un idéal à atteindre. Or un homme ne ressent pas de désir pour une femme qui veut lui ressembler, et inversement.

 

Un homme qui effleure volontairement la main d’une femme après un premier contact oral ou visuel accepté n’est pas un porc. La séduction n’est certainement pas une suite de demandes de permissions, mais d’audaces mesurées, d’« offenses » soft qui peuvent conduire au trouble du désir, voire au sentiment amoureux. Qu’y a-t-il de troublant dans « je souhaite toucher votre main, puis-je ? », et cinq minutes plus tard « je souhaite toucher votre genou, puis-je ? » On marche sur la tête. Dans le jeu amoureux, après la parole, les corps se rapprochent, progressivement. Évidemment, dès que la femme ne consent plus, le jeu s’arrête. L’homme qui insisterait davantage sera alors seulement dans son tort.

Il me semble fort heureux que les hommes draguent encore, sinon nous passerions toutes et tous nos soirées devant Youporn ou aurions des relations sexuelles fades, sans le trouble partagé né de l’audace, surtout masculine, reconnaissons-le. La femme ne « drague » généralement pas ; si le désir la brûle, elle séduit l’homme en lui envoyant des signaux plus ou moins explicites (parfois incompris de l’homme plus basique qu’elle) pour que celui-ci l’aborde. C’est vieux comme le monde, animal également.

Il faut ici se demander en quoi ces offenses soft, qui constituent la base de l’approche d’un homme et d’une femme depuis la nuit des temps, sont-elles  soudainement  un problème ? Qui veut d’un monde « moderne » de relations homme-femme réglementées par avance, faites d’autorisations préalables, sans conquête, sans risque du « râteau » ? Il me semble que seules les femmes qui n’aiment pas ou n’aiment plus les hommes rêvent d’un tel monde mécanique, fade et triste à souhait.  Que ces femmes-là s’aiment entre elles (ce qui m’excite par ailleurs !) et laissent tranquilles la gent masculine conduire son jeu amoureux avec les autres ! Mais d’où vient cette haine ? Peut-être certaines femmes ont-elles du mal à gérer leur propre complexité. Une femme peut très bien manager plusieurs hommes la journée dans une entreprise et jouir d’être l’esclave sexuelle d’un homme le soir. L’inverse existe aussi, bien que peu fréquent. Cette apparente contradiction domination/soumission dans son propre comportement est insupportable à certaines femmes. C’est absurde bien entendu. La relation sexuelle est ce lieu inconnu où le corps et l’inconscient peuvent se libérer et exprimer tout ce qui n’est pas possible dans le cadre sociétal : on aime soudainement la fessée, être pris(e) par les cheveux, se faire insulter, et j’en passe, et tout cela procure un immense plaisir. C’est ainsi. Cela n’a jamais été un problème. C’est la beauté de l’inconnu en nous, le résultat de 3,5 milliards d’années d’évolution, et aucun intellectualisme féministe n’y changera jamais rien. Mais aussi, ces femmes qui ne savent pas gérer cette fausse contradiction oublient qu’en premier lieu, si l’homme est là pour la « dominer » dans l’acte sexuel, c’est parce qu’elle l’a bien voulu, que l’esclave n’est pas celui qu’on croit : depuis le début, l’homme n’a eu de cesse que de quémander son consentement. La femme a tous les pouvoirs. La féminité est un rôle que la femme incarne à souhait pour jouer avec les hommes afin d’assouvir ses propres désirs. La virilité n’est qu’un rôle que l’homme s’est désespérément inventé pour cacher sa dépendance aux femmes.

 

Je bénis la colère divine de Zeus qui a séparé les androgynes en femmes et en hommes. Depuis, ils se cherchent mutuellement, et pour retrouver l’unicité originelle, ils jouent les rôles de la féminité et de la virilité, pour le plaisir de la comédie humaine.

 

Lettre ouverte à Laurent Ruquier

 

Cher Laurent Ruquier,

 

Je vis en Asie depuis plusieurs années et grâce à On n’est pas couché, la seule émission que je regarde assidûment, je pouvais garder un lien audiovisuel avec mon pays, d’intérêt et riche, grâce aux trois orientations de votre émission : la politique, l’analyse socio-philosophique et l’expression artistique/littéraire.

Cette année électorale donna l’occasion à de nombreux débats. Pour ne rien vous cacher, et comme un clin d’œil (l’autre) à notre regretté Coluche, je porte à droite, mais supporte à gauche.

 

Je vais maintenant droit au but.

 

La saison 2016-2017 de On n’est pas couché fût ternie, à mon sens, par trois impairs.

D’abord le choix hasardeux de Vanessa Burggraf qui, c’est le moins que l’on puisse dire, n’a pas contribué à faire briller l’émission. Fort heureusement, l’excellent Yann Moix tenait les débats. Bref, on pardonnait à la nunuche grâce aux vives envolées de l’intello et, il faut le reconnaître, à votre sens aigu de l’équilibre et de la hauteur de vue.

Ensuite, votre acharnement très personnel contre François Fillon fut si malsain que même vos journalistes et plusieurs de vos invités (de droite comme de gauche) en eurent la nausée.

Enfin, vous avez fait preuve d’une complaisance ahurissante (que vous avez d’ailleurs reconnue) avec Jean-Luc Mélenchon – certes le plus doué sophiste de cette présidentielle – en le laissant professer tranquillement ses coups de magiques baguettes budgétaires, tout en mettant sous le tapis son inquiétante complaisance avec de sombres dictateurs.

 

Loin de votre plateau, on a subi deux autres épisodes consternants. Celui de TPMP et l’ignominie de Cyril Hanouna contre un homosexuel, mais aussi la sortie, dans L’émission politique, de Christine Angot contre François Fillon. C’est bien la nausée à nouveau qui prenait la gorge de nombre de téléspectateurs, là encore, qu’ils fussent de droite ou de gauche. Dans ce dernier cas, la responsable a elle-même reconnu qu’elle ne voulait pas aller dans le débat de peur de se faire « écraser ». Elle a donc opté pour la plus vile des options : celle de vomir sur un homme en utilisant le ressentiment populaire, la plus basse des forces (réactives plutôt qu’actives aurait dit Nietzsche), sans lui accorder un quelconque droit de réponse. Grand moment de consternation audiovisuel, grand malaise sur le plateau.

 

Et voilà que vous offrez sur un plateau justement, le vôtre, pour 2017-2018, la statue du mérite à cette écrivaine improvisée journaliste, sous le prétexte, selon vos dires, que l’on aura droit avec elle à des moments « d’opinion et d’émotion » ? C’est donc cela la télévision de demain à offrir à nos enfants pour une émission de cette stature : mettre au pas la raison et laisser déverser les opinions, les passions tristes, la haine unilatérale… tant que l’audimat est au rendez-vous ? C’en est trop pour moi. Pardonnez mon exigence, mais je me faisais une plus haute idée de votre mission. Immense gâchis.

 

À la rentrée donc, le samedi, je ne me coucherai toujours pas, mais plus avec vous ! Plutôt que me m’avachir devant une émission à dormir debout, j’irai dehors, boire des coups avec mes potes.

 

Michael Doukhan

Ningbo (Chine), le 3 août 2017

 

La fin d’une grande nation

Aujourd’hui, les États-Unis ont cessé d’être une grande nation, d’être un modèle. Le rêve américain laisse place au cauchemar. Mais je refuse de m’y installer, je ne dormirai pas cette nuit.

Demain, il faudra convaincre les peuples qui n’ont pas encore basculé dans l’aveuglement. Pour résister. Pour défendre les nobles valeurs de l’homme, contre le ressentiment, contre les bas instincts qui ont conduit aux atrocités du XXe siècle, entre communautés, entre nations.

Je ne veux pas d’un tel siècle pour mes enfants.

Zygomathèque

 

Les définitions et locutions qui vont suivre sont issues du livre (non publié) Ma zygomathèque de mon pétillant voisin grenoblois Daniel Audouin qui m’a autorisé à les partager. Certaines sont de son cru, d’autres puisées de-ci de-là. Délicieux dictionnaire pour travailler ses muscles zygomatiques, ceux qui agissent principalement pour l’action du rire et du sourire…

 

Absenthéisme : Doctrine religieuse qui affirme que Dieu existe mais qu’il n’est pas là en ce moment.

 

Adulte : En âge de pratiquer l’adultère.

 

Afrique : Continent noir, très pauvre, malgré son nom.

 

Aides internationales : Aides payées par les pauvres des pays riches pour aider les riches des pays pauvres.

 

Archipel : Outil pour creuser des archi trous.

 

Avortement : Mauvaise surprise partie.

 

Bambi : Son of a biche.

 

Bandonéon : Erection lumineuse.

 

Banque : Etablissement spécialisé chargé de recevoir votre argent ou votre sperme avec l’espoir de faire un jour des petits.

 

Belle-mère : Vision futuriste de sa propre femme.

 

Confucius : Philosophe chinois qui n’avait pas les idées claires.

 

Convive : C’est tout ce qu’on demande.

 

Cuisinière : Femme à poêle.

 

Cyclone : Tout comme la femme, ça arrive chaud et humide pour repartir avec les meubles et la maison.

 

Cynique : Grossier personnage dont la vision déformée voit les choses comme elles sont, et non comme elles devraient être.

 

Dalida : Chanteuse populaire d’une grande discrétion. On n’a jamais su qui était ce Monsieur Mucho à qui elle demandait de la bessamer.

 

Dette nationale : Dette monstrueuse, payable par la génération à venir. Cela explique pourquoi les bébés hurlent à la naissance.

 

Dieu :

  1. Créateur de tout, responsable de rien
  2. Un vieux monsieur qui adore de faire prier
  3. Dieu et Dieu font trois (mystère de la Sainte Trinité).

 

Disciple : Copie qu’on forme.

 

Djinn :

Par le bois du Djinn, où s’entasse de l’effroi,

Parle, bois du gin, ou cent tasses de lait froid !

(Alphonse Allais)

 

Enfant : Fruit qu’on fit.

 

Enfoiré : Une année perdue.

 

Esprit : Le sourire de l’intelligence.

 

Exagération : Commence où ça devrait finir.

 

Faim dans le monde : Fléau contre lequel les pays riches ont décidé de lutter en mettant les bouchées doubles.

 

Femme facile : Femme ayant les mêmes besoins sexuels qu’un homme.

 

Goulasch : Soupe dont on ne parle qu’au singulier, car si on dit « c’est des goulasch », hongrois que c’est immangeable.

 

Imbécile : Spécimen sans valeur marchande, car le marché est saturé.

 

Intégriste : Individu qui veut péter plus haut que son culte.

 

Krach : Mauvais coup dans les bourses.

 

L’amour : C’est comme un jeu de cartes, si tu n’as pas un bon partenaire, il vaut mieux avoir une bonne main.

 

Martyre : La seule manière de devenir célèbre quand on n’a pas de talent.

 

Merci : Mot qui écorche la gueule.

 

Migraine : Méthode classique de contraception.

 

Modestie : Art de faire dire par d’autres tout le bien qu’on pense de soi-même.

 

Mourir : Comme pour la piqûre de moustique, c’est désagréable sur le moment, mais le lendemain, on n’y pense plus.

 

Paléontologue : Scientifique dont le domaine de recherche est immense puisqu’il s’intéresse à tous ceux qui ne s’appellent pas Léon.

 

Parkinson : Maladie bien utile quand on veut faire une mayonnaise.

 

Parlement : Mot étrange formé de deux verbes : « parler » et « mentir ».

 

Péniche : C’est oune zyzy portugaiche.

 

Pèse-personne : Balance qui ne sert à rien.

 

Philosophe : Quelqu’un qui répond à des questions que personne ne lui a posées.

 

Porte-clefs : Invention très pratique qui permet de perdre toutes ses clefs d’un coup au lieu de les perdre une par une.

 

Prostituées : Gagent à être connues. Comment-ça combien ?

 

Quatre-saisons : Délicieuse pizza mise en musique par Antonio Vivaldi.

 

Réer : Ne pas croire en Dieu. Tombé en désuétude ; seule locution en usage : un mec réant.

 

Saturne : C’est quand tu es buré (Johnny).

 

Savoir-vivre : Art chez la femme de ne pas montrer trop vite son savoir-faire.

 

Séminaire : Week-end de travail organisé dans les endroits où les portables passent très mal et où les maris sont très durs à joindre.

 

Socialisme : Doctrine politique qui aime tant les pauvres qu’elle en fabrique.

 

Sourd-muet : Individu qui ne pourra pas dire qu’il n’a pas entendu.

 

Speed-dating : Façon juste plus rapide de se prendre des râteaux.

 

Taser : Instrument utilisé afin de mieux faire passer le Coran entre la police et la jeunesse.

 

Tequila : On dit plutôt : « Comment t’appelles-tu ? »

 

Vache qui rit : Une des œuvres principales de Richard Wagner.

 

Veine : Canal sanguin dilaté par l’infidélité du conjoint. Une veine de cocu.

 

Vie : 1. Maladie sexuellement transmissible dont personne n’est sorti vivant. 2. Caprice momentané de plusieurs milliards de cellules.

 

Zoo : Endroit conçu pour que les animaux puissent étudier les habitudes des êtres humains.

 

Lettre à France

 

Comment parler après la nuit du 13 novembre ? Le silence s’installe dans la gorge. Un cocktail de colère, de sentiment d’impuissance, d’éloignement et de tristesse profonde, celle qu’on ressent dans le ventre, comme un poison qui ne passe pas, qu’on ne digère pas. Mais ce cocktail n’a rien d’explosif ; il a simplement figé mes mots depuis cinq jours. Bien entendu, depuis la Chine où je vis, j’ai appelé ma famille en France, mais pas longtemps, juste pour m’assurer qu’ils étaient bien vivants. Le minimum vital si l’on peut dire. Au bureau je ne parle que s’il le faut, pour régler un problème. À la maison s’est installé un silence flottant, irréaliste, sauf avec mes deux petits quand ils viennent voir papa. Il fallait en sortir. Mais mieux valait-il chanter. Comme au Bataclan. La musique donne des couleurs aux mots. J’en retiendrai trois : bleu, blanc, rouge. Oui, une chanson française, sans doute la plus belle parmi celles venues de loin : Lettre à France.

 

« Depuis que je suis loin de toi | Je suis comme loin de moi »

Seize ans en Asie. Pourquoi ? Je n’en sais trop rien. Je me sens un peu mal-aimé dans mon pays ? J’ai du mal à communiquer avec mes compatriotes ? Nous sommes si différents après toutes ces années d’éloignement ? Ce ne sont là que des affirmations interrogatives. Ce qui est certain, c’est qu’au fond de moi, j’ai la nostalgie d’un concert à Paris (Supertramp) entre vieux copains d’école de commerce, d’un pastis sur la terrasse d’un café parisien en mangeant un bout de saus’ et en regardant les filles passer. Les matches de foot n’ont jamais été mon truc, mais qu’importe… Loin de toi, loin de moi : si justement chanté. Le 13 novembre, cette nostalgie a été menacée. Celui que je suis au plus profond, même loin dans la mémoire et dans l’espace, a été touché, là, à l’intérieur. Tous les Français de l’étranger ont dû ressentir quelque chose comme ça. Soudainement si proche de Paris. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts, selon d’adage nietzschéen. Oui, la France sera plus forte. Et les Français de métropole peuvent compter sur nous ; on ne sait pas encore comment, mais le moment viendra. J’en suis convaincu.

 

« Quelquefois dans les journaux | Je te vois sur des photos »

Je lis Le Monde tous les jours. La  « Une » de dimanche, je ne suis pas prêt de l’oublier. Je lis Le Point toutes les semaines. La « Une » de cette semaine « Notre guerre », je ne suis pas prêt de l’oublier. Je les ai lues d’une attention inouïe, comme s’il fallait me persuader que c’était bien vrai. Quand on est loin, on a tendance à relativiser les gesticulations de la métropole. Mais cette fois, c’était différent. On sait que c’est vrai, mais on ne peut pas le comprendre. Seul un fou le pourrait. Très vite les politiques, certains penseurs apportent leur explication, déferlent leur rationalité pour expliquer la folie, coûte que coûte. Cela les rassure, j’imagine. La nature a horreur du vide comme on dit. Depuis deux mille ans, théologiens et philosophes se sont cassé les dents pour expliquer les « racines du Mal ». Mais il n’y a rien à comprendre, qu’on se le dise une fois pour toutes. D’abord parce que le Mal n’existe pas, pas plus que le Bien (les deux étant supposés « au-dessus » des hommes). Il n’y a en ce bas monde que des types mauvais et des types bons. Ces derniers n’ont d’autre choix que de combattre les premiers. Voilà tout. C’est comme cela depuis la nuit des temps. Lorsque les mauvais commettent des horreurs, les bons doivent être impitoyables. Si les mauvais sont capables de commettre des horreurs, c’est parce qu’on les a laissés tranquilles alors même qu’ils diffusaient des messages de haine, alors même qu’on les voyait venir. J’assume d’être intolérant avec l’intolérance. Il ne faut rien laisser passer. Ni avec ses enfants, ni avec ses parents, ni avec ses amis, ni au niveau national, ni en géopolitique. Toujours marquer le coup. Plus ou moins fortement selon la circonstance. Mais toujours marquer le coup. Après le 13 novembre en France, tout musulman qui s’exprimera contre l’idéologie wahhabite devant ses enfants, devant d’autres musulmans dans la sphère privée ou publique, sera plus fort que n’importe quel soldat. Cela vaut pour n’importe quel groupe humain (religieux, politique, etc.) et pour n’importe quelle époque. Ce silence laxiste et naïf des bons doit cesser, car il nourrit la dangerosité des mauvais. Croire qu’il suffit de couper les mauvaises branches pour que tout aille pour le mieux est une illusion tenace. Bon et mauvais sont liés à jamais. C’est un rapport de force permanent. Avec les autres. Mais aussi en soi-même.