Le chameau, le lion et l’enfant. De quoi s’agit-il ? L’arche de Noé revisitée ? Pourquoi pas si l’on considère que la philosophie peut contribuer à sauver le monde. Mais ces symboles représentent avant tout les trois métamorphoses de l’esprit selon Nietzsche. L’esprit se transforme d’abord en chameau, celui qui croit ce qu’on lui dit, qui se charge lourdement de « tu dois » faire ceci et cela, qui ingurgite les commandements de ses parents, de sa culture… avant sa traversée du désert.
Là, il se métamorphose en lion, le rebelle, celui qui aspire à la liberté, qui dit « je veux » ; il sent que quelque chose ne va pas dans tout ce qu’il a appris, qu’il est temps pour lui de confronter ses idées avec d’autres, parce qu’au fond, il aspire déjà au troisième stade, celui de l’enfant. Mais pourquoi le lion voudrait-il devenir enfant ? « L’enfant est innocence et oubli, un renouveau et un jeu, une roue qui roule sur elle-même, un premier mouvement, une sainte affirmation. » (Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra (Première partie, Les discours de Zarathoustra, Les trois métamorphoses)). L’enfant crée, il « veut gagner son propre monde. » Laissons cette dernière métamorphose aux plus illustres d’entre nous. S’affirmer comme lion constitue déjà une grande avancée sur soi-même.
Note: les articles philo. sont regroupés ici.