Le gros mammouth
L’éducation nationale française ? Voilà un vaste sujet, gros comme un mammouth dans un couloir : il bloque tout le reste. Il est l’expression la plus révélatrice de l’état d’esprit des Français : individuellement ils veulent tous que cela change ; collectivement, personne ne veut rien changer !
Piètres résultats !
Ces dix dernières années, le budget de l’éducation nationale a cru de 23 % alors que les effectifs d’élèves ont baissé de 55 000 (-4,5 %). Pour quel résultat ? Moins d’un tiers des écoliers et un quart des collégiens maîtrisent les enseignements de base. Sortons enfin de notre esprit le mythe que notre enseignement est le meilleur du monde : les performances d’un Français de 15 ans sont péniblement dans la moyenne des pays de l’OCDE. Il en résulte que les parents se tournent de plus en plus vers le privé : « le public a perdu près de 100 000 élèves en cinq ans alors que le privé est globalement parvenu à maintenir ses effectifs. Certaines académies, comme celles de la région parisienne, enregistrent même des hausses. L’écart serait plus important encore si le privé n’était pas obligé de refuser du monde : 30 000 demandes d’inscriptions n’ont pu être honorées cette année, 23 000 l’an dernier» (Sophie Roquelle (Le Figaro du 20 septembre 2006).
Prof à l’école prof dans la vie
Trop de profs considèrent qu’ils détiennent a priori, par leur fonction, la vérité. Avez-vous déjà entendu parler certains d’entre eux en dehors de leurs heures de travail ? Si on les observe bien, on s’aperçoit qu’ils continuent à être en salle de classe : ils parlent, sans écouter les autres – pas même leurs plus proches amis –, ils répandent leurs paroles. C’est assez pénible si on ne les regarde pas comme des pantins. Ces profs se raccrochent à leur vérité, celle qu’ils professent tous les jours. Ils s’écoutent parler comme ces femmes qui se regardent faire l’amour : agaçantes, elles ne se donnent pas vraiment et donc n’apportent aucun plaisir. C’est un one man show, il n’y a pas d’échange. C’est ce qu’on appelle une déformation professionnelle. Reconnaissons que tous ne sont pas ainsi heureusement !
De l’emploi à vie
Nos instituteurs, professeurs… sont tranquilles : sauf faute gravissime (comme un acte pédophile, et encore, pour punition on les envoie vers une autre école !) ils garderont leur métier jusqu’à la retraite. Ils ont cette fabuleuse faculté d’être hors du quotidien changeant, hors du temps. Ils sont divins. Aucune obligation de se remettre en question (Dieu se pose-t-il des questions ?) Ils avancent par l’ancienneté et l’inspection est rarissime. Ils flottent au-dessus de leurs compatriotes, très haut dans le ciel, porté par les ailes de l’emploi à vie, voie royale (que dis-je divine) vers l’enfermement intellectuel. L’autre effet pervers est le nombrilisme : sans aucune connaissance du privé, beaucoup pensent que leur travail est particulièrement pénible, sans équivalent dans la population active !
Mais à quoi bon continuer ? Je sais bien que je prêche dans le vide. Tous les profs ont la sympathie des Français. Ils sont intouchables. Et nos enfants, qu’en pensent-ils ? On ne leur demande pas leur avis. Simplement, vers vingt ans, ils comprendront les carences et faiblesses du système éducatif français. Bien sûr, pour eux, il sera trop tard.
Pour dynamiser chaque enseignant – et conséquemment l’éducation nationale –, la plus importante des mesures à prendre est de supprimer immédiatement l’emploi à vie dans cette administration (dans les autres également, j’en parlerai plus loin). Que tous les enseignants qui ne sont pas d’accord, qui oseraient même verser une petite larme sur cet ancien privilège, sortent illico des rangs, libèrent nos écoles et aillent cultiver des salades plutôt que d’en raconter à nos enfants !
Extrait du livre « Français, réveillez-vous! » que vous pouvez vous procurer chez votre libraire habituel et sur