Optophobie et hypégiaphobie françaises

L’optophobie c’est la peur d’ouvrir les yeux. Voilà une pathologie que l’on croit rarissime dans les milieux médicaux, mais qui est pourtant généralisée en France. Presque tous les Français en souffrent. Ils préfèrent garder les yeux fermés dans un monde de rêves plutôt que de les ouvrir sur la réalité. Mes nombreux voyages en Europe, en Asie, en Afrique et aux États-Unis me laissent à penser que cette maladie est particulièrement répandue en France. Une mauvaise nouvelle pousse souvent au sursaut, mais pas chez nous. Malgré la phase de décadence dans laquelle ils vivent actuellement, les Français ne tentent pas d’ouvrir les yeux sur la réalité, ils préfèrent continuer leurs rêves en attendant que cela se passe, que cela s’arrange, un peu comme dans un avion en train de tomber, de plus en plus vite, les passagers restants tremblants mais bien sagement assis à ne rien faire ; ils espèrent qu’un sauveur va surgir tout à coup, ils y croient de plus en plus fort à mesure que l’avion s’approche du sol ; à ce stade ils sont prêts à suivre n’importe qui. Le Pen au deuxième tour des élections présidentielles de 2002 n’était qu’un signe avant coureur ; le pire est sans doute à venir.

L’hypégiaphobie c’est la peur des responsabilités. Là encore, cette triste maladie touche surtout les Français, de plein fouet. Ils se moquent complètement des conséquences de leur immobilisme sur les générations futures. Autrement dit, leur amour parental sonne creux, ils s’inquiètent peu de leurs propres enfants. Seuls leur importent leurs petits avantages présents. Ils ne veulent pas entendre parler d’environnement concurrentiel, de remise en question de l’âge de la retraite, de certains avantages sociaux… Après eux, le déluge.

Ces deux pathologies françaises se nourrissent les unes les autres si bien que plus le temps passe, plus on s’enferme dans des idéaux, plus on brille d’irresponsabilité. Les plus atteints souffrent en plus de phobophobie (peur d’avoir peur), voire de pantophobie (peur de tout).

Comment en est-on arrivé là ?

D’abord, l’État français, hyper protecteur, rend impossible l’accès à la maturité de ses enfants, les petits Français (de tout âge). Ceux qui ont procréé savent (ou devraient savoir) qu’il y a forcément un moment dans l’éducation où l’on doit laisser ses enfants aller à l’encontre des difficultés, les lâcher dans la jungle de la vie, les pousser à affronter la concurrence (à l’école, la force physique et morale des copains, en amour…) afin qu’ils commencent à réactiver leur instinct de survie naturel (endormi par l’hyper protection parentale). Un fameux proverbe chinois dit qu’il est préférable d’enseigner les techniques de pêche à quelqu’un plutôt que de lui donner un poisson. C’est le principe même d’une bonne éducation. Donner indéfiniment de la nourriture et de la protection à l’élève est dangereux et irresponsable, car lorsque le maître disparaît, l’élève meurt de faim. En revanche, si celui-ci a appris à se procurer son pain quotidien et à se protéger, à la fois l’élève et le maître sont libérés. Mais si l’élève (le citoyen) est toujours protégé, alors, lorsque le maître (l’État, l’économie…) va mal, la peur s’empare de celui-là, il ne sait plus quoi faire et il se met à faire n’importe quoi.

  Ensuite, …

 

Extrait du livre « Français, réveillez-vous! »  que vous pouvez vous procurer chez votre libraire habituel et sur